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TDAH chez l’adulte

Le TDAH a longtemps été considéré comme un trouble de l’enfance et de l’adolescence. On sait aujourd’hui que le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité affecte également les adultes, avec un impact parfois sévère sur la qualité de vie. La fréquence du TDAH est estimée entre 2 et 4 % chez les adultes (peut-être en faites-vous partie ?), mais rares sont les personnes qui bénéficient d’un diagnostic et d’une prise en charge appropriée. En France, trop peu d’adultes sont repérés à cause notamment du manque de structures spécialisées. Les médecins généralistes et les psychiatres généralistes jouent un rôle essentiel dans le dépistage et l’orientation des patients adultes. (1)

Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement qui apparaît dans l’enfance, et dont les manifestations évoluent au fil de la vie. S’il n’a pas été repéré pendant l’enfance, le TDAH peut n’être découvert qu’à l’âge adulte ! 

Ainsi, parmi les adultes présentant un TDAH, on retrouve à la fois :

  • Des personnes diagnostiquées au cours de l’enfance, et dont le TDAH persiste à l’âge adulte, soit sous sa forme complète soit dans une forme atténuée, avec la prolongation de certains symptômes.
  • Ainsi que des personnes diagnostiquées pour la première fois à l’âge adulte.

Ce diagnostic « tardif » de TDAH est assez fréquent, et peut s’expliquer selon les experts : 

  • soit par un défaut de diagnostic – et donc de prise en charge – au cours de l’enfance, malgré des difficultés potentiellement importantes, 
  • soit par une capacité élevée de l’enfant à compenser ses troubles, grâce notamment à un niveau intellectuel supérieur et/ou à un bon entourage familial. Les difficultés apparaissant plus tard dans la vie à l’occasion d’évènements de vie plus « exigeants », comme une promotion professionnelle ou l’arrivée d’un enfant.

Des études récentes ont démontré que le TDAH pouvait être présent également chez les personnes âgées. Une étude menée aux Pays-Bas a révélé une fréquence du TDAH d’environ 2,8 % chez les adultes plus âgés (60 ans ou plus). (3) 

Votre enfant a un TDAH, et vous ? 

Il semble y avoir une composante héréditaire dans le développement du TDAH. Ainsi, lorsqu’un TDAH est découvert chez un enfant, il n’est pas rare de retrouver un TDAH chez l’un des 2 parents…

Comment se manifeste le TDAH chez l’adulte ? (1–3)

Le TDAH est caractérisé par l’association de symptômes d’inattention, d’hyperactivité et/ou d’impulsivité dont l’expression chez l’adulte peut être différente de celle observée chez l’enfant. En effet, le « visage » du TDAH évolue avec le temps. Chez l’enfant, les signes d’hyperactivité et d’inattention sont les plus fréquents, l’enfant a du mal à se concentrer et à terminer une tâche, l’enfant peut être agité, bouger tout le temps, ne pas tenir en place ; et il est parfois impulsif, c’est-à-dire qu’il répond et agit avant de réfléchir, sans évaluer les conséquences de ses actes. (4) A l’adolescence, les troubles de l’attention sont stables et se manifestent par un comportement rêveur, des problèmes d’organisation et de motivation. Les symptômes d’impulsivité et d’hyperactivité diminuent à l’adolescence. (5)

A lire aussi : Le TDAH chez l’enfant

Chez l’adulte TDAH, les experts distinguent trois profils typiques : 

  • inattention prédominante, 
  • hyperactivité/impulsivité prédominantes, 
  • et la présentation combinée des deux profils ci-dessus (la plus fréquente).

Globalement, une amélioration de la dimension « hyperactivité/impulsivité » est souvent observée au fil des années mais les difficultés attentionnelles persisteraient de manière plus constante. Les adultes présentant un TDAH détestent souvent les tâches laborieuses et peu stimulantes et les remettent volontiers à plus tard (ce sont des champions de la procrastination !), alors qu’ils rencontrent moins de difficultés à s’investir dans des activités nouvelles, stimulantes et plaisantes. (1)

Certaines personnes peuvent présenter des symptômes du TDAH atténués, en développant des capacités d’adaptation ; s’exprimeront alors de façon prédominante d’autres signes, tels qu’une nervosité mentale et physique, des troubles du sommeil, une instabilité émotionnelle ou encore une addiction. 

Ces autres troubles associés au TDAH (on appelle ça des « comorbidités ») sont assez fréquents : on les retrouve chez 1 adulte sur 4 présentant un TDAH. Il s’agit notamment des : troubles anxieux (34 %), troubles de l’humeur (22 %), troubles de la personnalité, troubles addictifs (11 %), troubles du comportement (15 %) et troubles du sommeil. (2) Il est important de dépister ces comorbidités et de les prendre en charge.

Les difficultés liées au TDAH sont durables dans le temps et parfois subtiles. L’adulte peut ne pas s’en rendre compte, d’où l’importance de l’entourage familial pour orienter la prise en charge. (1)

Le TDAH affecte la qualité et l’espérance de vie

Quand on ne connait pas bien le TDAH, on n’imagine pas forcément toutes les répercussions qu’il peut avoir sur divers aspects de la vie quotidienne, et ce à tout âge. Les conséquences sont variables selon les individus et peuvent générer un réel handicap : instabilité professionnelle (abandon de poste, changement d’emplois fréquent) mais aussi affective et amicale, accidents domestiques, accidents de la circulation, augmentation du risque d’addictions précoces et de tentative de suicide. Le risque majoré de conduites addictives expose à un risque accru de dé-sociabilisation et de précarité. (2)

Les études montrent que, par rapport à la population générale, les adultes affectés par le TDAH ont un niveau d’étude et un taux d’emploi plus faibles, des relations familiales plus instables, commettent davantage d’actes antisociaux et ont davantage d’accidents du travail et de la circulation(1)

L’absence de diagnostic et de prise en charge peut avoir de lourdes conséquences pour la personne elle-même mais aussi pour la société : précarité, chômage, aggravation des comorbidités psychiatriques, etc. Une prise en charge adaptée peut, quant à elle, avoir un impact positif en diminuant le risque d’accidents, le risque de conduites addictives, et en favorisant un meilleur niveau de formation et d’insertion professionnelle. (2)

Vous pensez avoir reconnu les signes d’un TDAH chez l’un de vos proches ou chez vous-même ? Parlez-en, et consultez un médecin pour confirmer le diagnostic de TDAH et bénéficier d’une prise en charge.

Apprendre à gérer les symptômes du TDAH au quotidien 

Le diagnostic et la prise en charge médicale du TDAH sont du ressort du médecin spécialisé. Il sera votre meilleur allié pour minimiser les impacts du TDAH dans votre vie quotidienne.

Avant même d’envisager un éventuel traitement médicamenteux, le médecin pourra vous conseiller diverses stratégies visant à surmonter les problèmes chroniques de désorganisation, de procrastination, de distractibilité excessive et d’oublis liés au TDAH. Voici 10 exemples de conseils pratiques en cas de TDAH : 

  1. Consacrez 10 minutes par jour à la définition de votre liste de choses à faire, mais ne mentionnez pas plus de 2 à 5 éléments, afin que l’accomplissement des tâches reste gérable. 
  2. Utilisez un agenda quotidien dans lequel vous inscrivez vos rendez-vous, vos obligations professionnelles et scolaires, ainsi que vos tâches personnelles, récréatives et d’auto-prise en charge. 
  3. Consultez votre agenda au début de la journée ou la veille. 
  4. Prévoyez les distractions ou les obstacles les plus susceptibles de vous faire dévier de votre tâche et trouvez des moyens de les éviter. 
  5. Tentez de vous persuader que vous pouvez réellement accomplir une tâche malgré les distractions.
  6. Prévoyez une activité physique, un repos suffisant et des heures de repas régulières. 
  7. Mettez en place des systèmes de paiement automatique pour les factures récurrentes et des rappels automatiques pour les tâches à accomplir. 
  8. Avant d’entreprendre un nouveau projet, évaluez s’il est vraiment réalisable ou si vous devez le refuser. 
  9. Examinez quotidiennement le courrier que vous recevez et jetez ce dont vous n’avez pas besoin. 
  10. Pour une tâche que vous devez faire, mais que vous voulez éviter, commencez par y consacrer seulement 10 minutes avec la possibilité de continuer au-delà de cette limite de temps si vous vous sentez prêt. Souvent, c’est la mise en route qui est la partie la plus difficile de la tâche !
Références

1. Weibel S, et coll. Practical considerations for the evaluation and management of Attention Deficit Hyperactivity Disorder (ADHD) in adults. L’Encephale. févr 2020;46(1):30‑40.
2. Haute Autorité de Santé • Trouble du neurodéveloppement/ TDAH : Repérage, diagnostic et prise en charge des adultes • novembre 2021. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/jcms/p_3302480/fr/trouble-du-neurodeveloppement/-tdah-reperage-diagnostic-et-prise-en-charge-des-adultes-note-de-cadrage
3. The World Federation of ADHD Guide. 2019. Disponible en téléchargement sur : https://www.adhd-federation.org/publications/adhd-guide.html
4. Assurance Maladie – Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant (TDAH) : https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/trouble-deficit-attention-hyperactivite-tdah/comprendre-tdah
5. Aquaviva E. et coll. : Évolution du TDAH : quels changements à l’adolescence ? https://www.clepsy.fr/tdah-evolution-adolescence/