Idées reçues sur le TDAH
Est-ce parce que le nom est trop long (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) que le TDAH est parfois mal compris et sujet à de nombreuses idées reçues ? On n’a pas la réponse à cette question ! Mais on compte bien tordre le cou à certains « a priori » sur le TDAH…
Le TDAH est une maladie
De la même façon que la myopie n’est pas une maladie mais un trouble visuel, le TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) n’est pas une maladie mais un trouble du neurodéveloppement (TND), terme qui désigne un ensemble de troubles débutant pendant la période de développement de l’enfant, et caractérisés par des perturbations de son développement cognitif ou affectif. S’ils ne sont pas des maladies, les TND entraînent néanmoins un retentissement significatif sur les dimensions scolaires, sociales et familiales. (1)
Le TDAH peut prendre différentes formes selon les individus. Toutes ont en commun la présence de 3 symptômes, qui peut se manifester avec une intensité très variable : (2)
- un déficit de l’attention, qui entraîne de grandes difficultés à rester concentré, à terminer une tâche
- une hyperactivité, qui induit une agitation incessante, une incapacité à rester en place
- une impulsivité, qui se traduit par des difficultés à attendre, une tendance à interrompre les autres
Ces symptômes sont, vous en conviendrez, assez communs : nous pouvons tous les présenter, selon les circonstances, à des degrés divers, et il est difficile de dire qu’ils sont totalement présents ou totalement absents, comme on pourrait le dire d’une maladie (j’ai la grippe ou je n’ai pas la grippe). En fait, l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité sont réparties dans la population selon un « continuum », comme c’est le cas des valeurs de la tension artérielle et du taux de glucose dans le sang par exemple. Les personnes atteintes de TDAH se situent vers la fin de ce « continuum », dans une zone où l’intensité des symptômes est à l’origine d’une altération de leur santé et de leur qualité de vie. (3)
Dernier point important : la définition du TDAH n’est pas seulement basée sur la sévérité des symptômes, mais également sur leur omniprésence dans plus d’un contexte de vie : au travail / à l’école, à la maison, ou encore dans les relations sociales. Cette persistance permet aux médecins de différencier le TDAH d’autres situations non pathologiques (par exemple si votre enfant n’est pas très attentif en classe en raison d’une méthode d’enseignement inadaptée). (3)
Pour en savoir plus : A propos du TDAH
Le TDAH résulte d’une exposition massive aux écrans
Contrairement à une idée très répandue, le TDAH n’est pas nouveau : des documents médicaux datant de la fin du 18ème siècle font mention de ce trouble ! Or les écrans que nous connaissons aujourd’hui ne sont apparus que bien plus tard. On peut donc en déduire que le TDAH n’est pas une conséquence de l’exposition des enfants aux écrans, comme on l’entend parfois. (4)
Ceci étant dit, la question des écrans est un sujet récurrent chez les parents d’enfants TDAH, car il n’est pas rare de voir un enfant TDAH captivé par un jeu vidéo… Vous vous demandez peut-être comment un enfant peut rester concentré des heures sur un écran et souffrir d’un trouble de l’attention ? Aurait-il une attention sélective ? Eh bien oui, en quelque sorte ! Il est important de comprendre que notre capacité à concentrer notre attention est fortement modulée par notre motivation. Ainsi, nous sommes quasiment tous capables, y compris la grande majorité des personnes atteintes de TDAH, d’être attentifs, même pendant de longues périodes, lorsque nous sommes motivés.
Vous voulez davantage de détails ? Allons-y ! La compréhension actuelle du fonctionnement de notre cerveau indique que les zones cérébrales liées à l’attention sont stimulées par une petite molécule, la dopamine, dans des situations associées à la motivation. En jouant à des jeux vidéo ou dans d’autres situations très motivantes, les personnes atteintes de TDAH peuvent souvent maintenir leur concentration. Le problème du TDAH réside dans les difficultés à se concentrer lors d’activités quotidiennes au cours desquelles le niveau de stimulation n’est pas assez élevé pour maintenir le cerveau activé au niveau nécessaire. Il est important de souligner que ces mécanismes ne peuvent pas être activés volontairement : il ne s’agit donc pas d’un problème de volonté. Ainsi, il est inutile de demander à une personne présentant un TDAH de faire davantage d’efforts pour se concentrer. Ce serait un peu comme demander à une personne ayant une mauvaise vue de faire plus d’efforts pour bien voir. (3)
Mais alors d’où vient le TDAH ? Les experts scientifiques du monde entier s’accordent à dire que le TDAH est un trouble causé par l’interaction de certains gènes (il y aurait donc une part héréditaire : vos parents avaient-il un TDAH ?) et de diverses circonstances favorisantes (l’exposition aux toxiques, le tabagisme passif par exemple) qui entravent la maturation/le développement de certaines zones du cerveau et/ou leur communication. (3)
Pour en savoir plus : A propos du TDAH
Les enfants atteints de TDAH sont moins intelligents
Le TDAH peut avoir un retentissement significatif sur les résultats scolaires, ce qui peut donner l’impression que les personnes qui souffrent d’un TDAH ne sont pas « intelligentes ». Mais aucune donnée médicale ne prouve que le TDAH soit lié à l’intelligence. Certaines batteries de tests de QI incluent une évaluation de fonctions cérébrales perturbées par le TDAH (comme la mémoire de travail par exemple qui permet de maintenir une information en mémoire pendant qu’on l’utilise pour résoudre un problème ou accomplir une tâche) et peuvent donc affecter l’estimation de QI global. En réalité, les personnes atteintes de TDAH peuvent présenter des problèmes cognitifs, un QI estimé à un niveau moyen, mais des capacités cognitives élevées. (3)
Si l’enfant se comporte mal, c’est la faute de ses parents
Les parents se sentent souvent coupables pour tout ce qui affecte leur enfant. Par le passé, les professionnels de la santé mentale ont pu contribuer à aggraver ce sentiment en rendant les parents (souvent la mère) responsables des troubles qui affectent leur enfant : de l’autisme à la schizophrénie en passant par « les mauvais comportements ». Or le TDAH est un trouble causé par l’interaction de certains gènes et de l’environnement qui entrave la maturation/le développement de certaines zones du cerveau et/ou leur communication. Il n’est pas la conséquence d’une « mauvaise éducation » des parents. (3)
Toutefois, il est important de prendre en compte que le TDAH a une part héréditaire. Il n’est donc pas rare que l’un des parents ou même les deux présentent un TDAH, ou qu’ils aient présenté un TDAH dans l’enfance. Dans ce cas, il peut être plus difficile pour eux de fournir un environnement plus structuré à leurs enfants ayant développé un TDAH. Les experts internationaux préconisent aux médecins qui s’occupent d’enfants TDAH d’envisager un dépistage chez les parents. De même, les psychiatres qui prennent en charge des adultes présentant un TDAH devraient envisager un dépistage chez leurs enfants. (3)
Donc, si on résume : ce n’est pas votre faute si votre enfant a un TDAH (ce n’est pas un problème d’éducation !) mais c’est peut-être celle de vos parents, voire de vos grands-parents avant eux (il y a une composante héréditaire !).
Pour en savoir plus : Le TDAH chez l’enfant
Le TDAH n’existe que chez les enfants
Longtemps, le TDAH a été considéré comme un trouble de l’enfance et de l’adolescence. Actuellement, la communauté médicale internationale reconnaît de façon unanime que ce trouble peut persister chez les adultes, avec un impact parfois sévère sur la qualité de vie. Les études épidémiologiques permettent d’estimer la fréquence du TDAH chez l’adulte entre 2 et 4 %, mais peu d’entre eux bénéficient d’un diagnostic et d’une prise en charge appropriée. En France, trop peu de patients adultes sont repérés à cause notamment du manque de structures spécialisées. Les médecins généralistes et les psychiatres généralistes jouent un rôle essentiel dans le dépistage et l’orientation des patients adultes. (5)
Si vous pensez être concerné, pas de panique ! Commencez par lire : Le TDAH chez l’adulte
Références
1. Haute Autorité de Santé. Troubles du neurodéveloppement – Repérage et orientation des enfants à risque. Mars 2020. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/jcms/p_3161334/fr/troubles-du-neurodeveloppement-reperage-et-orientation-des-enfants-a-risque
2. Haute Autorité de Santé. Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) : repérer la souffrance, accompagner l’enfant et la famille – questions / réponses. Février 2015. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/jcms/c_2025618/fr/trouble-deficit-de-l-attention-avec-ou-sans-hyperactivite-tdah-reperer-la-souffrance-accompagner-l-enfant-et-la-famille-questions-/-reponses
3. The World Federation of ADHD Guide. 2019. Disponible en téléchargement ici. Disponible sur: https://www.adhd-federation.org/publications/adhd-guide.html
4. Faraone SV, Banaschewski T, Coghill D, Zheng Y, Biederman J, Bellgrove MA, et al. The World Federation of ADHD International Consensus Statement: 208 Evidence-based conclusions about the disorder. Neurosci Biobehav Rev. sept 2021;128:789‑818.
5. Weibel S, Menard O, Ionita A, Boumendjel M, Cabelguen C, Kraemer C, et al. Practical considerations for the evaluation and management of Attention Deficit Hyperactivity Disorder (ADHD) in adults. L’Encephale. févr 2020;46(1):30‑40.